mercredi 24 mai 2023

L'assassinat du duc de Berry et ses conséquences

Le dimanche gras, 13 février 1820, le soir vers dix heures, le duc de Berry, neveu de Louis XVIII et héritier présomptif au trône de France, se trouvant à l'Opéra, venait de reconduire à sa voiture son épouse un peu souffrante (en raison de son état : elle était enceinte), lorsqu'un passant lui enfonça une longue tige de fer sous le sein droit. Le duc expira son dernier soupir à cinq heures, dans une des suites de l'Opéra, après avoir encore demandé à la dernière minute la grâce de son assassin, l'ouvrier-sellier Louvel. Celui-ci, un fanatique, avait frappé le duc de Berry pour, disait-il, anéantir en lui la "race" des Bourbons.

La duchesse de Berry mettait au monde, quelques mois plus tard, un fils qui reçut le titre de duc de Bordeaux, puis prendra, plus tard, celui de comte de Chambord (29 septembre 1820).

Le crime de l'ouvrier Louvel prépara le retour de l'extrême-droite royaliste au pouvoir. Les Ultras, dans leur propagande, répétaient partout que "le poignard qui avait frappé le duc de Berry était une idée libérale", et l'un d'eux, le député Claussel de Cassergues, à la Chambre, proposa, au lendemain de l'attentat, la mise en accusation du Premier ministre Elie Decazes comme complice.

Le propre frère du Roi, le comte d'Artois (futur Charles X), supplia ce dernier de renvoyer son ministre. Mais Louis XVIII refusa : "Sa politique est mienne", disait-il. Pour apaiser la situation, toutefois, Decazes offrit sa démission et Louis XVIII, à contre-coeur, se résigna à l'accepter. Seulement il s'empressa de le nommer duc de Glücksberg et lui donna l'ambassade de France à Londres.

Jusqu'à la fin de 1824, pendant les quatre dernières années du règne de Louis XVIII, les successeurs d'Elie Decazes, que furent le duc de Richelieu, puis Villèle, se bornèrent à déconstruire l'oeuvre libérale de leur prédécesseur. 

Richelieu, qui remplaça directement Descazes, fit tout d'abord modifier la loi sur la presse et rétablir la censure (31 mars 1820). Puis il fit adopter la loi électorale, dite du "double vote", le 30 juin 1820. Dont le vote ne fut d'ailleurs pas obtenu sans peine : il y eut dans Paris des commencements d'émeutes. A la Chambre, les débats se prolongèrent pendant un mois. Le principe du double-vote fut combattu avec fougue par trois députés libéraux, l'avocat Royer-Collard, le général Foy et l'ouvrier Jaques-Antoine Manuel ; il ne passa finalement qu'à 5 voix de majorité.

Cette loi, qui faisait élire deux cinquièmes des députés, par près de 18 000 grands propriétaires, donna tout ce qu'en espéraient ses auteurs : en trois ans, les libéraux furent presque complètement balayés à la Chambre.

Le duc de Richelieu ne voulait pas pousser le processus réactionnaire plus loin.

Les Ultras et leur chef de file, le comte d'Artois, ne trouvant plus de soutien dans un Roi malade et dont les facultés déclinaient de jour en jour, Richelieu donna sa démission le 12 décembre 1821.

Son successeur, Villèle, fit immédiatement voter deux lois contre la presse :

- la première rendait le jugement des délits de presse aux tribunaux correctionnels (6 février 1822) ;

- la seconde créait un nouveau délit : le délit d'opinion, qui  permit de suspendre, voire de supprimer, tout journal dont le contenu était jugé subversif.

Le gouvernement pouvait ainsi, selon le mot de Royer-Collard, "atteindre comme dangereux ce qu'il ne pouvait poursuivre comme coupable." 

Ce fut sous cette période que se formèrent des sociétés secrètes et où, par elles, furent organisés des complots terroristes dont le but était le renversement des Bourbons : à Sauveur (décembre 1821), à Belfort (janvier 1822), à Thouars (février 1822), avec le général Berton à Nantes, etc. tous déjoués, ils entrainèrent des condamnations à mort et des exécutions, notamment des quatre sergents du 45ème de Ligne en garnison à La Rochelle (2 septembre 1822). 

lundi 22 mai 2023

Le "système" Metternich


Pour garantir la paix et le repos en Europe, qui sortait alors de plus d'une décennie de guerres contre la France révolutionnaire, puis impériale, le chancelier d'Autriche, Klemens von Metternich, professant que les États n'étaient pas des "corps isolés" mais qu'ils formaient entre eux des "entités" liées entre elles par des intérêts globaux pour conserver chacun ses intérêts particuliers, proposa une sorte de "pacte moral" entre tous les pays signataires du traité d'alliance contre Napoléon en 1815.

Le premier des devoirs était de ne rien faire qui put nuire à la collectivité ou seulement compromettre son repos. Si, à l'intérieur d'un État, il se produisait à l'avenir quelque événement qui puisse avoir des répercussions fâcheuses sur ses voisins, y exercer, selon les termes mêmes de Metternich, une "influence délétère", les gouvernants de ce pays avaient le devoir de chercher à y remédier par tous les expédients nécessaires. S'ils y manquaient, c'était alors à la collectivité de se substituer aux défaillants et d'intervenir.

En application du "droit d'intervention".

Ce fut à la fin de l'année 1818, lors du congrès d'Aix-la-Chapelle (du 30 septembre au 15 novembre), que Metternich parvint à faire accepter par les puissances présentes ce principe du droit d'intervention.

Le congrès d'Aix-la-Chapelle était en lui-même la suite et l'épilogue des événements de 1815.

Le traité de Paris du 20 novembre 1815 stipulait que 150 000 coalisés occuperaient
pendant cinq années les places du Nord et de l'Est de la France. Cette occupation militaire avait pour objet de garantir à la fois le paiement des indemnités de guerre et d'assurer la sécurité des Bourbons. Mais les efforts du duc de Richelieu, alors président du Conseil, et désireux d'obtenir avant tout la libération rapide du territoire, avait donné à Louis XVIII, dès le mois de mars 1818, par le vote d'une loi militaire (la loi Gouvion Saint-Cyr), l'armée qui lui était nécessaire, tandis qu'il parachevait au mois d'avril le règlement des indemnités de guerre. Dès lors, plus rien ne justifiait le maintien, en France, d'un corps d'occupation. Richelieu en demanda le retrait anticipé. Il eut gain de cause, grâce notamment à l'amitié personnelle que lui vouait le tsar Alexandre.

La France fut donc ensuite invitée, tout naturellement, à rentrer dans le concert des nations aux côtés de ses ennemis d'hier (Angleterre, Autriche, Prusse et Russie). Et la quadruple alliance se mua en une quintuple alliance. Metternich, toujours soucieux de "préserver l'autorité du naufrage et de sauver les peuples de leurs propres égarements", s'occupa d'organiser ce qui était, à ses yeux, une "Pentarchie morale".

L'agitation nationale en Allemagne.

Conformément aux promesses faites en 1813 - l'année de Leipzig - l'article 13 du pacte fédéral spécifiait "qu'il y avait, dans chacun des pays de la Confédération germanique (dont l'empereur d'Autriche était le président) un régime d'assemblée des Etats." En vertu de cet article, le Grand-Duc de Saxe-Weimar, en 1816, donna à ses sujets une Constitution et un régime représentatif.

Les libertés concédées aux Weimariens rendirent l'absolutisme dont faisaient preuve les autres princes plus insupportables encore au reste de l'Allemagne. Cependant, aucun mécontentement n'agitait la masse du peuple : seule, une minorité composée d'intellectuels (professeurs, étudiants) s'offusquait de cet état des choses. Ainsi, il se forma, à l'Université d'Iéna, alors la plus importante d'Allemagne, une "association générale d'étudiants" - la Burschenschaft - à laquelle s'affilièrent des étudiants venant d'autres universités.

Le 18 octobre 1817, à l'occasion du tricentenaire de la Réforme et de l'anniversaire de la bataille de Leipzig, professeurs et étudiants vinrent manifester au château de la Wartburg. On y déploya la bannière impériale (noir, rouge et or) avant de conspuer la tyrannie par des chansons et de monter un bûcher sur lequel on fit brûler un bâton de caporal autrichien et un ceinturon de soldat prussien.

Manifestations puériles qui prirent un caractère d'extrême gravité pour Metternich lorsqu'il vit, en 1818, le roi de Bavière et le Grand-Duc de Bade donner à leur tour des Constitutions à leurs peuples. Il les trouva plus graves encore quand il découvrit que le roi de Prusse, tombé sous l'influence de réformateurs, inclinait lui-même à des concessions libérales.

Sur ces entrefaites, un étudiant à moitié fou, Karl Sand, poignarda à Mannheim le
poète August von Kotzebue (55 ans) dans sa maison, accusé d'être un "traître" pour avoir, dans un journal, pris parti contre les étudiants et d'oeuvrer à la solde de la Russie (23 mars 1819).

Quand il eut connaissance de cet attentat, Metternich n'eut aucune autre pensée que celle de "donner à cette affaire la meilleure suite possible et d'en tirer le parti le plus avantageux."

Il convoqua donc les cinq grandes puissances d'abord à Carlsbad (7-30 août 1819), puis à Vienne (novembre 1819 - mai 1820). Metternich porta, par une série de mesures répressives, un coup rude aux idées libérales. La Burchenschaft fut dissoute ; les Universités placées sous le contrôle de commissaires ; des professeurs et des étudiants furent exclus, certains emprisonnés ; la censure rétablie sur les livres et les journaux.

Le mouvement libéral fut, conformément au but que Metternich s'était fixé, enrayé en Allemagne, du moins jusqu'en 1830, voire 1848.

L'histoire simplifiée de Muhammad, premier Prophète de l'Islam

  Muhammad naquit à La Mecque en 571. Il appartenait à la puissante tribu des Quraychites . Orphelin dès l'âge de six ans, il fut recue...